Le chaperon rouge courait dans les bois où la louve l’observait.
Au début, la louve ne voulait pas se montrer. Elle en avait trop peur. La plupart du temps, elle observait le chaperon rouge s’extasier sous la neige pendant des heures avant qu'elle ne rentre au village. Les danses sur la glace de cette rivière lui donnaient l'impression de nager au milieu des nuages. Quand la louve y mettait les pieds, elle en avait le mal de mer. La passion du chaperon rouge forçait l'admiration, son courage aussi. La louve l’escortait durant son trajet de retour sans que le chaperon rouge ne le remarque, jusqu’à la limite de cet hiver redoutable, dans le but presque innocent de la protéger.
Elle savait que des événements inexplicables se produisaient la nuit. La louve était rassurée que le chaperon rouge ne vienne pas si tard pour danser. Il y a des vérités cachées qui devaient rester cachées. La louve ne voulait pas que le chaperon rouge voie l’horreur de sa réalité. Le temps de la chasse était incompatible avec le temps de l’amour. La lune était le seul témoin de ses transformations et elle voulait que les choses restent ainsi.
Elle n’avait pas le choix, la douleur composait ses os, la rage aiguisait ses canines et peut-être maintenant l’amour perçait son cœur.
Le soleil levé, la louve reprenait forme humaine et attendait le chaperon rouge.
La nuit tombée, elle se transformait en monstre féroce.
L'être vivant qui croisait son chemin devenait son repas. La louve n’était plus protectrice mais destructrice. Les nuits de pleine lune, elle hurlait à la lune, le désespoir dans son agonie sanguinaire. La culpabilité de ses méfaits lui revenait comme des boulets de canon, elles se transformaient en idées tristes.
La louve n'avait jamais souri avant de rencontrer le chaperon rouge.
La louve avait trouvé en elle, le baume de ses tourments.
Le chaperon rouge courait dans les bois où la louve se montrait.
Au fil du temps, l’appréhension disparut. La louve se dévoilait de plus en plus alors que le chaperon dansait sur la glace. Elle se cachait moins, elle n’avait plus peur de manifester sa présence bien qu’elle restait méfiante. La femme à la tunique d’un rouge éclatant avait remarqué les regards de la louve, elle lui souriait parfois. La louve refusait de lui répondre. Alors elle patinait jusqu’à l’endroit où la louve apparaissait mais celle-ci se volatilisait avant que le chaperon rouge ne l’atteigne. C’était si frustrant de ne pas pouvoir l’approcher assez pour lui parler, elle voulait connaître la louve qui se cachait entre les arbres pour admirer ses valses. C’était une inconnue dangereuse qui l’attirait. Il n’y avait personne de nouveau dans les parages.
Aucune surprise. Jamais.
Voilà pourquoi le chaperon rouge aimait se rendre dans la forêt interdite, elle voulait vivre de nouvelles sensations, ressentir de nouvelles émotions, se perdre à nouveau dans la danse, elle ne pouvait plus le faire à cause de la peur de ses parents. Elle enviait la liberté de la louve, elle l’enviait tellement qu’elle voulait la connaître plus que tout. Le plus difficile était de faire semblant de ne pas remarquer sa présence. Le chaperon rouge et la louve se retrouvaient à partager les mêmes pensées mais la louve n’osait pas s’appesantir sur ses sentiments pour la femme en rouge.
Le chaperon rouge désirait la louve et bientôt ses désirs allaient devenir réalité.
Le chaperon rouge et la louve - À suivre
Comments